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Abstract

L’implantation d’une industrie nouvelle en zone rurale suscite mécaniquement une structuration de la main-d’œuvre et une structuration de l’espace résidentiel suivant le type de logements construits pour l’accueillir. Si l’on se donne le temps d’observer ces structurations, on les voit s’infléchir sous l’effet des propriétés sociales de ceux dont elles organisent les conduites. Mais la lecture qu’en font les acteurs sociaux eux-mêmes ne change pas forcément. Il leur semble que les référents qu’ils prennent pour décider de leur action sont permanents, attachés au territoire d’installation. C’est cette perception du territoire qui est au cœur de notre article. Il s’appuie sur une enquête de terrain dans une zone marquée par l’implantation d’un site nucléaire. L’analyse d’une destinée familiale atypique révèle cet attachement ordinaire – et ordinairement invisible – des acteurs à des repères territorialisés : dans cette famille, la reproduction intergénérationnelle des positions sociales n’a pu se faire qu’au prix d’un éloignement du fils, vécu comme une crise. Cette crise ne provient pas d’un simple sentiment de trahison vis-à-vis d’une entreprise paternaliste peinant à assurer l’emploi des descendants, ni d’un ancrage familial profond pris à revers par une restructuration économique. Il apparaît plutôt, dans cette destinée, que le lien au territoire sert de médiatisation dans l’appréciation des destins sociaux par les acteurs impliqués.

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